Die Ãœbersetzung folgt bald.
La Francophonie était à l’honneur à l’Institut français de Stuttgart. Pendant tout un après-midi, nous avons fêté la langue française en général, la francophonie et, à travers elle, l’Afrique francophone avec 2 conférences, une lecture et la projection d’un film. Le Consul Général de France à Stuttgart Nicolas Eybalin, ainsi que Georges Leyenberger, Attaché de coopération pour le français en Bade-Wurtemberg nous ont préparé une journée ensoleillée en ce jour de fête.
Jacques Pécheur, tout d’abord, ancien responsable du département Langue Française à l’Institut français de Paris et collaborateur zélé de la revue Le Français dans le monde, nous a présenté l’OIF, Organisation Internationale de la Francophonie. Il y a de quoi se réjouir, le nombre de locuteurs francophones va en augmentant et LA chaîne francophone de télévision TV5Monde jouit d’une réputation sans cesse grandissante.
Bernard Magnier, ensuite, fin connaisseur de la littérature africaine nous a dressés en 55 minutes un portrait précis et combien vivant de 50 ans de littérature africaine francophone, subsaharienne, aujourd’hui encore, peu connue voire inconnue. Pourtant, elle est vivante, riche et précieuse. Pour Bernard Magnier, ces écrivains africains dont les noms sont, pour nous, si difficiles à prononcer, font partie de sa vie, de son univers.
Au lendemain des indépendances, les écrivains africains étaient, avant tout, des chantres de l’indépendance et de la négritude, tels Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire ou encore > Dany Laferrière. Puis ils se sont affranchis de cette conception plus politique et universitaire de la littérature pour devenir, je cite « la bouche de la bouche de celui qui n’a pas de bouche » Avec eux, on a abordé de nouveaux thèmes, l’immigration populaire, l’urbanisation intense, les problèmes abandonnés par la colonisation ou la décolonisation, de toute une jeunesse alimentant, malgré elle, les « enfants soldats ». Grâce à des écrivains comme Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi, entre autres, cette littérature africaine est devenue ivoirienne, zaïroise, ou sénégalaise avec Sembène Ousmane. Dans leurs écrits, ils ont introduit des idiomes venus de leurs propres origines linguistiques, enrichissant ainsi la langue française, nous faisant découvrir, par exemple, des expressions en malinké, langue parlée au Mali. Retenons l’expression « Il n’a pas soutenu un petit rhume » pour annoncer la mort de quelqu’un.
Bernard Magnier nous a, également, parlé des femmes écrivains. Ecriture militante comme celle de Mariama Bâ dans « une si longue lettre » ou de Aminata Sow Fall avec « La grève des Bà ttu » qui relate une grève imaginaire de mendiants, ou encore Fatou Diome que les lecteurs allemands connaissent bien puisqu’elle est déjà venue à l’institut français de Stuttgart. Ces auteures militent, avant tout, pour l’éducation des filles.
Bernard Magnier nous a rappelé la valeur extraordinaire du livre, un objet très cher pour un Africain, au sens propre comme au sens figuré. Il nous a parlé de l’absence de bibliothèques, « ces lieux où se retrouve le monde », de librairies, de maisons d’éditions sur ce continent. Et le manque d’électricité. Il n’est pas rare de voir des hommes et des femmes lire, le soir, sous les réverbères.
Un moment de pur bonheur qui nous a donné envie de lire les littératures africaines. Et qu’ai-je fait, moi, ce soir-là , dans le confort de mon salon ? J’ai tapé sur mon ordinateur, Ahmadou Kourouma et me suis souvenu de « Allah n’est pas obligé » qui m’avait plongé dans l’enfer des enfants soldats. Ahmadou Kourouma avait obtenu pour ce livre le prix Renaudot et le Prix Goncourt des lycéens. J’ai tapé Sembène Ousmane et me suis souvenu de la « la Noire de » ou « des Bouts de bois de Dieu », lus il y a fort longtemps. J’ai appris que Mariama Bâ avait eu le prix Noma à la Foire du livre de Francfort en 1980.
Ensuite, ce fut le moment tant attendu : la lecture simultanée en français et en allemand avec l’écrivain camerounais Janis Otsiemi venu nous lire des extraits de son roman policier « Libreville ». Un pur moment de plaisir. Janis Otsiemi nous montre que la littérature africaine peut également prendre d’autres formes que celle de récits d’enfants soldats ou de complaintes sur la négritude ou la colonisation. La littérature africaine est en train de s’émanciper.
A l’issue de cet après-midi bien rempli nous attendait dans la médiathèque un excellent buffet africain de sorte que tous les sens furent sollicités. Dans un brouhaha digne d’un bazar de Cotonou ou de Bamako, rythmé par la musique du duo Biaba-Sahbai, nous étions envahi par des odeurs qui nous transportaient ailleurs sous les cocotiers et pourquoi pas les baobabs, en tous cas pour nous européens, amateurs de culture française nous croquions à pleines dents dans des samosas dodus à souhait aux parfums de gingembre, safran, curry, piments, pili pili et autre masala et aux couleurs de terre brûlée. Magnifique et gouteux à souhait.
Brigitte Laguerre