Azouz Begag, Un mouton dans la baignoire
29. Mai 2007 von Gilles Floret
On avait déjà vu « des chevaux vomir devant la pharmacie » comme on dit en allemand, mais ce que l’auteur nous révèle sur les coulisses de la politique française, vues par le grand bout de la lorgnette dépasse l’entendement. On savait déjà que la politique était un « panier de crabes », un « nid de guêpes », mais le « Mouton dans la baignoire » nous révèle un monde encore bien pire, ou de jeunes loups n’hésitent pas à affûter leurs crocs et leurs griffes pour nuire à leur prochain. Dans le monde du travail, on appelle cela du « harcèlement psychologique ».
Nul n’ignore qu’un tel harcèlement n’est pas sans laisser des séquelles physiques. Outre les cheveux « plus sel que poivre », et « la pierre qui lui noue l’estomac », l’auteur évoque une nausée profonde qui l’a accompagnée tout au long des ces deux années passées au Ministère de l’Egalité des chances. Seul point optimiste évoqué dans ce journal, la politique de l’égalité des chances et de l’intégration sur le plan franco-allemand, avec en point d’orgue le conseil des ministres franco-allemand. (Cf. L’article paru à ce sujet dans Trait d’union Nr. 2/2006)
Jamais on aurait pu imaginer autant d’intrigues et de coups bas au sein d’un gouvernement. Le monde qui est dépeint dans ce journal de bord qui va de l’entrée d’Azouz Begag dans le gouvernement Villepin à sa démission en avril 2007, est plus qu’une classe de maternelle. C’est une bergerie remplie de loups. L’une des rares brebis en faisant partie (Azouz Begag) fut traitée en « brebis galeuse » du début à la fin. L’image allemande du « mouton noir » dans la bergerie gouvernementale conviendrait d’ailleurs d’avantage.
Dans «ostracisme» il y a « racisme ». Or, c’est justement de cela dont il s’agit. Comme le chante Azouz Begag lui-même, « A quoi ça sert de ramer quand y’a nulle part où aller ? ».
De tout l’ouvrage on retiendra que deux lueurs d’espoir : la bonne entente et le travail de fond réalisé avec sa collègue allemande Maria Böhmer et la création de la HALD (Haute autorité de lutte contre la discrimination). En fait, un résultat à mes yeux merveilleux compte tenu de l’absence totale de budget et des coups bas assénés par les propres « amis » de l’ex-ministre qui malgré tout a gardé son sourire et son charme qui en font un homme de qualité.
Azouz Begag. Un mouton dans la baignoire (Fayard 2007)
> Des mots pour l’Idir. Une chanson d’Azouz Begag.