Après les sommets franco-allemands, en particulier les rencontres annuelles prévues par le traité de l’Élysée depuis 1963, un passage de chaque communiqué indique généralement que l’on souhaite désormais coopérer plus étroitement dans tous les domaines. En ce qui concerne l’interprétation et les éventuelles mesures (communes) relatives à la guerre en Ukraine, les médias font désormais état d’un profond désaccord entre le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz.
Alors que Macron, interrogé par une journaliste sur l’envoi de troupes au sol, tout en rappelant le consensus pour ne pas le faire, a évoqué une dynamique quant aux différentes étapes : d’abord la livraison de sacs de couchage et de casques d’acier, puis des armes plus conséquentes, le président de la République laissant entendre, ou voulant laisser entendre, au moins entre les lignes, que des troupes au sol seraient également envisageables. Comme on le sait, le chancelier Scholz a expressément rejeté une telle demande, tout comme il exclut toujours, par le mot du chancelier, la livraison de missiles de croisière Taurus à l’Ukraine.
> « L’Allemagne et la France tirent deux conclusions totalement différentes de la guerre en Ukraine », Stefan Meister, LE MONDE, 9.8.2024
De même que Macron a indirectement laissé entendre que des troupes au sol avaient été discutées à huis clos, Scholz a indiqué, dans le cadre du refus de livrer des Taurus, qu’il était impossible que les soldats allemands puissent soutenir l’utilisation de cette arme. Dans ces deux déclarations, il aurait peut-être été approprié de ne pas en parler aussi ouvertement, car le débat public sur la manière dont l’Ukraine pourrait être soutenue montre à la Russie jusqu’où cela pourrait aller.
Orlando Figes, > Eine Geschichte Russlands, Aus dem Englischen von: Norbert Juraschitz, Stuttgart: Klett-Cotta 2024.
Et c’est peut-être là que réside le véritable problème : Macron et Scholz ne se sont apparemment pas réunis pour trouver une solution, mais se sont publiquement ignorés l’un l’autre à ce sujet. Macron souhaite mettre en évidence le danger que représente l’agression russe, Scholz ne veut en aucun cas que l’Allemagne apparaisse comme un belligérant. Leurs positions divergentes ne sont pas utiles, car soit elles sont vraiment profondes, soit elles sont exagérées par les médias, quoi qu’il en soit, leur unité à ce stade serait un grand avantage pour l’Europe comme pour l’Ukraine.
Lesebericht und Nachgefragt: Michel Eltchaninoff, In Putins Kopf. Logik und Willkür eines Autokraten, Klett-Cotta: Stuttgart 2022 – Aufgezeichnet von Heiner Wittmann, 27.4.2022 >>>
Cependant, tout désaccord ne doit pas conduire à affirmer que le moteur franco-allemand est bloqué ou ou emet une fumée noire. voir : L’énergie des relations franco-allemandes, 27 novembre 2022. Peut-être la routine et l’échange mutuel si intense font-ils que certains désaccords dans le cadre d’un processus de concertation sont surestimés, beaucoup ne guettant que la fumée noire et ne voyant pas les nuages de fumée blanche permanent > Faites donc une liste de toutes les organisations franco-allemandes… 4 juin 2022.
> „Ausmaß dieses Konflikts besser verstanden“ – Hélène Miard-Delacroix im Gespräch mit dem ZDF, 7.3.2024
Dans cette situation, on peut se souvenir des Discours de politique générale sur l’Europe d’Emmanuel Macron, dont l’Allemagne, d’abord sous Angela Merkel puis sous Olaf Scholz, a pris acte mais n’a jamais vraiment répondu. D’autre part, le Traité d’Aix-la-Chapelle a été conclu en 2019, par lequel la France et l’Allemagne s’accordent explicitement sur une clause d’assistance mutuelle et promettent d’approfondir leur concertation sur les questions de politique étrangère.
Le climat actuel entre Paris et Berlin ne permet pas de dégager un réel début de consensus sur la guerre en Ukraine. Certes, Angela Baerbock s’est rendue chez son homologue français pour, comme le rapportent Philippe Ricard et Thomas Wider dans LE MONDE (France-Allemagne, un tandem secoué par l’épreuve de la guerre en Ukraine, 9 mars 2024), recoller les morceaux, mais il n’en est pas ressorti une véritable attitude commune, hormis la volonté affichée de vouloir soutenir ensemble l’Ukraine.
A Moscou, on se réjouira sans aucun doute de ce désaccord affiché, car tant que ce désaccord persiste, l’agresseur russe décide de la fixation des lignes rouges et peut calculer jusqu’où il peut aller sans avoir à craindre les réactions occidentales. En lisant aujourd’hui le discours de Sorbonne de 2017, on pourrait avoir l’impression qu’il a été prononcé aujourd’hui comme un avertissement à Berlin :
Lorsque Macron a parlé de l’unité de l’Europe à la Sorbonne en 2017, il pensait aux relations franco-allemandes :
“C’est au fond la question de l’unité qui est ici posée. Cette unité européenne de la réconciliation franco‑allemande à la réunification entre l’Est et l’Ouest, c’est notre plus belle réussite et notre atout le plus précieux. Aussi, à côté de ces six batailles pour la souveraineté, c’est la bataille pour l’unité que je veux conduire. Nous n’aurons pas d’Europe forte et souveraine si elle n’est pas unie, tenue en elle‑même, cohérente. Perdre cette unité c’est prendre le risque de revenir à nos déchirements mortifères et à l’hégémonie destructrice. Assurer l’unité sans chercher l’uniformité, voilà notre défi.”
Il existe désormais un désaccord similaire à celui de 1963, lorsque le Bundestag avait placé un préambule avant la loi de rationnement du traité de l’Élysée, soulignant ainsi l’importance de l’OTAN, mais rappelant également l’extension et le développement de l’Europe.
Il faudra peut-être que Donald Trump soit réélu pour que Berlin ne s’engage pas à contrecœur dans le développement réel d’une architecture de sécurité européenne.
Nach deutsch-französischen Gipfeln, besonders den jährlichen Treffen gemäß des Élysée-Vertrages seit 1963 lautet im allgemeinen eine Passage eines jeden Communiqués, dass man künftig auf allen Gebieten enger zusammenarbeiten wolle. Bei der Interpretation und den möglichen (gemeinsamen) Maßnahmen hinsichtlich des Kriegs in der Ukraine berichten jetzt die Medien von einem tiefgreifenden Dissens zwischen dem französischen Staatspräsidenten Emmanuel Macron und Bundeskanzler Olaf Scholz.
Während Macron auf die Frage einer Journalistin zur Entsendung von Bodentruppen zwar auf den Konsens hingewiesen hat, dies nicht zu tun, aber dennoch eine Dynamik hinsichtlich der verschiedenen Stufen genannt hat: zunächst die Lieferung von Schlafsäcken und Stahlhelmen, dann weiterreichende Waffen, womit der Staatspräsident zumindest zwischen den Zeilen zu erkennen gab oder geben wollte, dass auch Bodentruppen denkbar wären. Bekanntlich hat Bundeskanzler Scholz ausdrücklich ein solches Ansinnen abgelehnt, wie er auch die Lieferung der Marschflugkörper Taurus an die Ukraine immer noch per Kanzlerwort ausschließt.
> « L’Allemagne et la France tirent deux conclusions totalement différentes de la guerre en Ukraine », Stefan Meister, LE MONDE, 9.8.2024
So wie Macron indirekt verlautbaren ließ, dass man im vertraulichen Kreis über Bodentruppen gesprochen habe, so hat Scholz im Zusammenhang mit der Weigerung, Taurus zu liefern, darauf hingewiesen, dass es unmöglich sei, dass deutsche Soldaten den Einsatz dieser Waffe unterstützen könnten. Bei beiden Äußerungen wäre es vielleicht angebracht gewesen, nicht gar so offen darüber zu sprechen, da die öffentliche Erörterung, wie die Ukraine unterstützt werden könne, Russland zeigt, wie weit es gehen könne.
Orlando Figes, > Eine Geschichte Russlands, Aus dem Englischen von: Norbert Juraschitz, Stuttgart: Klett-Cotta 2024.
Und hier liegt vielleicht das eigentliche Problem: Macron und Scholz setzten sich offenbar nicht zusammen, um eine Lösung zu erreichen, sondern reden öffentlich darüber aneinander vorbei. Macron möchte dabei eine Gefahr durch die russische Aggression verdeutlichen, Scholz will unter keinen Umständen, dass Deutschland als Kriegspartei erscheinen. Hilfreich sind ihre divergierenden Positionen nicht, denn entweder sind sie wirklich tiefgreifend oder werden von den Medien überbetont, wie auch immer, ihre Einigkeit in dieser Phase würde einen großen Gewinn für Europa wie für die Ukraine bedeuten.
Lesebericht und Nachgefragt: Michel Eltchaninoff, In Putins Kopf. Logik und Willkür eines Autokraten, Klett-Cotta: Stuttgart 2022 – Aufgezeichnet von Heiner Wittmann, 27.4.2022 >>>
Allerdings darf nicht jede Unstimmigkeit sogleich dazuführen, dass man behauptet, der deutsch-französische Motor sei blockiert oder rauche: vgl: L’énergie des relations franco-allemandes, 27. November 2022. Vielleicht führt auch die Routine und der gegenseitige so intensive Austausch dazu, dass manche Unstimmigkeiten im Rahmen eines Abstimmungsprozesses überbewertet werden, lauern doch viele nur auf schwarzen Rauch und übersehen den ständigen weiße Rauchwölkchen > Macht doch mal eine Liste aller deutsch-französischen Organisationen… 4. Juni 2022.
> „Ausmaß dieses Konflikts besser verstanden“ – Hélène Miard-Delacroix im Gespräch mit dem ZDF, 7.3.2024
In dieser Situation darf man sich an die Grundsatzreden zu Europa von Emmanuel Macron erinnern, die von deutscher Seite zunächst unter Angela Merkel und dann unter Olaf Scholz zwar zur Kenntnis genommen wurden aber nie wirklich beantwortet wurden. Andererseits wurde 2019 der Aachener Vertrag geschlossen, mit der Frankreich und Deutschland sich ausdrücklich eine Beistandsklausel einigen und eine Vertiefung der Abstimmung in außenpolitischen Fragen versprechen.
Das augenblickliche Klima zwischen Paris und Berlin lässt keine echten Ansätze zu einem Konsens hinsichtlich des Krieges in der Ukraine erkennen. Zwar ist Angela Baerbock zu ihrem französischen Kollegen gereist, um, wie Philippe Ricard und Thomas Wider in LE MONDE berichten (France-Allemagne, un tandem secoué par l’épreuve de la guerre en Ukraine, 9 mars 2024), Porzellan zu kitten, aber eine wirkliche gemeinsame Haltung außer dem erklärten Absicht, gemeinsam die Ukraine unterstützen zu wollen, ist dabei nicht herausgekommen.
In Moskau wird man sich ganz ohne Zweifel über diesen offen ausgetragenen Dissens freuen, denn solange diese Uneinigkeit anhält, bestimmt der russische Aggressor die Setzung von roten Linien und kann sich ausrechnen, wie weit er gehen kann, ohne westliche Reaktionen fürchten zu müssen. Liest man heute die Sorbonne-Rede von 2017, könnte man den Eindruck gewinnen, sie sei heute als Mahnung an Berlin gehalten worden:
Als Macron in der Sorbonne 2017 von der Einheit Europas spracht, dachte er an die deutsch-französischen Beziehungen:
“Im Grunde genommen stellt sich hier die Frage der Einheit. Diese europäische Einheit von der deutsch-französischen Aussöhnung bis zur Wiedervereinigung von Ost und West, ist unser schönster Erfolg und unser wertvollster Trumpf. Neben den 6 Punkten (er sagt Kämpfe) zugunsten der Souveränität, ist es den Kampf um die Einheit, den ich führen möchte. Wir werden kein starkes und souveränes Europa haben, wenn wir nicht geeint sind und ein kohärentes ganzes bilden. Diese Einheit zu verlieren bedeutet das Risiko unserer mörderischen Verwüstungen und der zerstörende Hegemonie in Kauf zu nehmen. Die Einheit ohne die Uniformität zu suchen, das ist die Herausforderung, die sich uns stellt.”
Es gibt nun einen ähnlichen Dissens wie 1963, als der Bundestag eine Präambel vor das Rationierungsgesetz zum Élysée-Vertrag setzte und damit die Bedeutung der NATO unterstrich, aber auch an den Aus- und Ausbau Europas erinnerte.
Vielleicht muss erst Donald Trump wiedergewählt werden, damit Berlin, sich nicht nur widerwillig für den echten Ausbau einer europäischen Sicherheitsarchitektur fügt.